Le champion français des traitements contre les allergies va développer un patch permettant de déceler l'intolérance au lait chez les nourrissons.
Il élargit sa gamme et s'assure une cagnotte de 100 millions.
DBV, l’une des plus belles « licornes » de l’industrie pharmaceutique, s’allie à Nestlé pour développer un patch de diagnostic des allergies au lait chez les nourrissons.
Le laboratoire français, coté en Bourse à New York et à Paris, élargit ainsi son offre d’immunothérapie et s’assure une manne de 100 millions d’euros.
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Annoncé mardi 31 mai, ce partenariat sonne comme une double victoire pour le champion français des traitements des allergies alimentaires, valorisé 1,4 milliard d’euros en Bourse.
Une victoire d’abord par les termes mêmes du contrat avec Nestlé. Le spécialiste français des allergies s’engage à développer un patch prêt à l’emploi, permettant de déceler les allergies aux protéines de lait de vache.
Financièrement, cet accord se présente comme une excellente affaire: DBV s’assure 100 millions d’euros pour le brevet, des redevances « à deux chiffres » sur les ventes, ainsi qu’une marge sur le prix de vente. Surtout, le partenariat permettra au laboratoire français de profiter du réseau de distribution du géant suisse. « Nestlé dispose d’une force de frappe inégalée en pédiatrie », se réjouit Pierre-Henri Benhamou, le fondateur de DBV.
La biotech rejoint donc le club fermé des partenaires de Nestlé Health Science. Cette division du groupe agroalimentaire développe des alicaments et explore les liens entre nutrition et pharmacie, notamment par le biais de partenariat avec des start-up. Fin avril, elle est par exemple entrée au capital d’Enterome, une biotech française qui développe des médicaments issus du microbiome intestinal. Pour DBV, l’alliance avec Nestlé constitue une première. Cotée en Bourse depuis 2014, le laboratoire avait jusqu’alors assuré seule le développement de ses traitements.
Un goût de revanche
Deuxième motif de satisfaction pour les équipes de DBV, le lancement du patch MAG1C est un retour aux sources. Car DBV est née treize ans plus tôt de l’idée de diagnostiquer l’allergie au lait. Associé à son ami Christophe Dupont, gastro-entérologue à Necker, le pédiatre Pierre-Henri Benhamou, créé l’entreprise en 2002 pour mettre au point un patch permettant de déceler l’intolérance au lait chez les bébés, complexe à établir pour les médecins.
En 2004, le Diallertest arrive en pharmacie. Mais les autorités réglementaires stoppent net le développement du produit: considérant celui-ci comme un médicament et non comme un « dispositif médical », elles exigent de DBV de n’en faire aucune promotion et de ne pas sortir des frontières françaises, en attendant d’obtenir une véritable AMM (Autorisation de mise sur le marché). Bridée par cette contrainte, la start-up s’était alors tournée avec succès vers le traitement des allergies, abandonnant le terrain des diagnostics. Début 2016, elle avait d’ailleurs cessé de distribuer son patch Diallertest dans les pharmacies françaises.
Produit plus sophistiqué que le Diallertest
MAG1C sera donc une façon de capitaliser sur ces années de recherche et développement, tout en proposant un produit plus sophistiqué que le Diallertest. Car le nouveau produit, qui devrait être soumis aux autorités réglementaires d’ici 2021, permettra non seulement de déceler l’allergie, mais aussi sa gravité. « Cela permettra aux médecins de prescrire le lait le plus indiqué dans la gamme des laits sans protéines de vache, en fonction du degré d’allergie de l’enfant », précise Pierre-Henri Benhamou.
L’alliance avec Nestlé donnera à DBV les moyens d’élargir son offre d’immunothérapie, en capitalisant sur son savoir-faire industriel. La biotech utilisera la même technologie novatrice que celle qui lui permettra de désensibiliser les patients souffrant d’allergies alimentaires sévères: utilisant la peau pour communiquer avec le système immunitaire, elle a mis au point un patch permettant de faire passer une très faible quantité d’allergène dans la peau grâce à la transpiration. Une façon de « rééduquer » le système immunitaire sans mettre en danger les patients. Viaskin Peanut, un premier patch traitant l’allergie à l’arachide, devrait être approuvé fin 2018. Parallèlement, DBV travaille au développement d’un patch pour les personnes allergiques au lait. « L’accord avec Nestlé sera pour DBV une manière d’ouvrir les portes des pédiatres et de favoriser une reconnaissance de leur part », souligne Hugo Solvet...
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