Peut-on se faire belle sans danger ? Des controverses récentes sèment le doute. Il y aurait des conservateurs irritants, voire des perturbateurs endocriniens, des actifs toxiques… dans nos cosmétiques. Les sept questions à se poser pour faire le point.
Sachant qu'une femme utilise chaque jour six ou sept cosmétiques différents et que chaque produit contient lui-même entre dix à vingt ingrédients, cela revient à appliquer sur sa peau entre 60 et 140 ingrédients cosmétiques. Nous avons voulu y voir plus clair.
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1. Quels conservateurs éviter dans les produits de beauté ?
La MIT (méthylisothiazolinone), c’est LE conservateur allergisant.
« Cette allergie à la MIT explose, nous voyons un cas par semaine dans notre service, ce qui est beaucoup, dit le Pr Annick Barbaud, dermatologue au CHU de Nancy. L’allergie est handicapante, car la MIT est partout, dans les gels vaisselle, les peintures à l’eau… Il faut l’exclure des cosmétiques. » Elle pourrait être prochainement interdite dans les produits non rincés.
Le phénoxyéthanol est limité dans les produits pour adultes à 1 %. Cependant, à fortes doses, il serait toxique pour le foie et le sang. Problème : il est présent dans de nombreux produits cosmétiques, et les risques d’en cumuler plusieurs et de dépasser les doses conseillées sont réels.
Certains parabens à chaîne longue, comme le butylparaben et le propylparaben, sont à éviter – bien qu’encore autorisés – car ils sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. À savoir : ces parabens sont aussi présents dans l’alimentation. Exemple : E216 est le propylparaben dans sa dénomination alimentaire.
Notre conseil : n’utiliser aucun produit contenant de la MIT. Surveiller le phénoxyéthanol dans les cosmétiques utilisés, pour ne garder qu’un produit non rincé et éviter l’effet cumul.
2. Quels sont les conservateurs acceptables ?
L’éthylparaben et le méthylparaben sont dits “à chaîne courte” et l’absence de toxicité fait à ce jour consensus, même chez des fabricants de produits naturels. « Les meilleurs conservateurs restent ces parabens, déclare Céline Couteau. Ils sont les plus sûrs et les mieux tolérés, et ils sont à la fois bactériostatiques et fongistatiques. »
Les conservateurs portant la certification Ecocert : ils sont naturels ou de synthèse.
La cosmétique stérile : certaines marques ont mis au point des conditionnements qui permettent à la formule de se passer de conservateurs.
Notre conseil : préférer les flacons airless aux pots, il y aura moins de conservateurs. Se fier au sodium benzoate et potassium sorbate, utilisés en bio comme en conventionnel.
3. Faut-il choisir du “sans parfum” ?
95 % des allergènes majeurs présents dans les cosmétiques sont liés au parfum. « Or, en matière d’allergie, on peut réagir à une trace, explique Céline Couteau. Et tout n’est pas inscrit sur la liste des ingrédients. Par exemple, pour tel parfum, s’il est à l’état de trace, le fabricant n’a pas l’obligation de le faire figurer. C’est un problème. »
Pour les repérer facilement, il existe une liste des 26 allergènes faite par la réglementation européenne. « Parmi eux, certains sont plus à risque que d’autres. Il faut essentiellement repérer le farnésol, le lyral, l’hydroxycitronellal et l’isoeugénol », explique le Dr Richard Grosse.
Notre conseil : si l’on a un terrain sensible ou allergique, privilégier le “sans parfum”, pour les produits rincés et, surtout, pour ceux non rincés.
4. Un gel douche ou un shampooing doit-il être toujours “sans sulfate” ?
Les sulfates sont ces tensioactifs plus ou moins agressifs qui font la mousse de votre gel douche. Les plus irritants : l’ammonium lauryl sulfate, le sodium lauryl sulfate (à ne pas confondre avec le sodium laureth sulfate moins irritant).
Pourquoi les voit-on toujours dans les gels douche et autres shampooings ? Ils ne coûtent pas cher, ils moussent… La solution souvent mise en place par le formulateur : associer un tensioactif irritant à un tensioactif doux, pour avoir cette mousse en minimisant les risques de réagir. Ainsi, sur la liste des ingrédients, on voit souvent le sodium lauryl sulfate suivi de près par un dérivé de coco type cocamidopropyl betaine.
Notre conseil : ne pas se formaliser d’un produit lavant avec peu de mousse, cette dernière n’est pas un critère d’efficacité. Moins le produit mousse et plus il est doux pour la peau.
5. Quels produits de beauté contiennent des perturbateurs endocriniens ?
Un perturbateur endocrinien est une substance qui interfère avec le fonctionnement de notre système hormonal. Les conséquences à long terme d’une exposition importante à une substance PE (perturbateur endocrinien) sont potentiellement : puberté précoce, troubles de la reproduction, diabète, cancers hormono-dépendants…
« Le problème est qu’aucun signe clinique rapide ne vient signaler qu’un ingrédient est un perturbateur endocrinien. Le résultat sera visible dans trente ans », constate le Pr Barbaud. Certains ingrédients comme les filtres solaires (éthylhexyl méthoxycinnamate, benzophénone-1 et benzophénone-3…) sont souvent cités parmi les perturbateurs endocriniens.
Faut-il les bannir ? Tout est question de doses. Nombreux sont les spécialistes à penser que c’est surtout une question de quantité, et surtout d’exposition répétée au produit ou pas. Il n’y a pas de risque pour la santé à se mettre de la crème solaire – même avec des filtres organiques – quinze jours par an, et il serait plus dangereux pour la santé d’attraper un coup de soleil. Parmi les silicones, ingrédients courants dans le maquillage, dans des formules légères, des déodorants sans alcool… certains comme le cyclopentasiloxane ou le cyclométhicone sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens.
Notre conseil : réserver l’utilisation de filtres solaires aux expositions. Ne pas utiliser, au quotidien, une crème de jour contenant des filtres chimiques, perturbateurs endocriniens.
6. Peut-on se colorer les cheveux sans danger ?
Les colorations sont parmi les produits cosmétiques les plus allergisants notamment à cause de la PPD (paraphénylènediamine) que l’on retrouve dans les colorations foncées. On a beaucoup de peine à la remplacer dans les formules, car c’est un colorant efficace pour cacher le blanc des cheveux bruns et des châtains.
« D’autres molécules marchent pour la couverture des cheveux blancs, notamment la 2-methoxymethyl-p-phenylenediamine – indiquée par la mention ME+ sur la liste des ingrédients –, explique le Pr Barbaud. Cet ingrédient serait moins sensibilisant, mais il reste déconseillé pour une personne déjà allergique à la PPD. »
D’autres composés peuvent être irritants, comme l’ammoniaque. Souvent les colorations qui n’en contiennent pas l’indiquent. Le problème est qu’elle sera remplacée par une autre base pas forcément meilleure pour la peau.
Pour celles qui préfèrent la coloration naturelle avec un ingrédient comme le henné « il n’y a pas de réaction de type allergique au henné pur », confirme le Pr Barbaud. Mais en termes de résultat couleur, des progrès sont encore à faire.
Notre conseil : limiter les colorations, en utilisant par exemple des produits de maquillage “cache-racines” qui permettent de gagner quelques jours entre deux colorations.
7. La cosmétique bio est-elle plus sûre ?
« Le bio ou le naturel, dans l’esprit du grand public, est forcément bon. Or, la classe 1 des allergènes – les plus dangereux – contient des ingrédients naturels », rappelle le Dr Grosse.
Cette mise au point faite, précisons que le bio a des avantages. Côté conservation, « il existe des conservateurs autorisés par Ecocert, certains étant naturels, et d’autres de synthèse, précise encore Pascale Ruberti, responsable recherche et développement chez Aromazone...
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