Près d’un tiers de la population souffre d’une intolérance au pollen, à certains aliments ou aux acariens. Une explosion provoquée principalement par notre obsession de l’hygiène.
Les allergies touchent aujourd’hui entre 25 et 30% de la population.
Leur nombre a connu une spectaculaire ascension durant la seconde moitié du XXe siècle, avec une accélération à partir des années 1980.
«Il y a 100 ans, moins de 1% de la population était affectée», relève Georg Schäppi, directeur du Centre d’allergie suisse «aha!».
L’Organisation mondiale de la santé prévoit même qu’en 2050, 1 personne sur 2 sera allergique dans le monde. Cette évolution s’est surtout fait sentir dans les pays occidentaux, mais, depuis peu, elle a gagné les pays en voie de développement, comme la Chine ou l’Inde. Il y a toutefois quelques particularismes régionaux. «En Suisse, on trouve par exemple beaucoup de gens allergiques au céleri», note-t-il.
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Mais il est rare qu’une personne ne souffre que d’une seule intolérance. «On voit de nombreuses allergies croisées: un patient sensibilisé au pollen de bouleau va par exemple fréquemment développer une intolérance également aux noix et fruits à pépins, car la structure de leurs protéines se ressemble», relève François Spertini, médecin-chef du Service d’immunologie et des allergies du CHUV. Selon les spécialistes, la principale cause de cette épidémie est le mode de vie hygiéniste en vogue aujourd’hui, qui pousse la population à désinfecter ses maisons de fond en comble et à stériliser systématiquement les biberons des bébés.
«Nous sommes moins en contact avec des micro-organismes, comme les bactéries et les virus, explique François Spertini. Notre système immunitaire, qui n’a plus l’habitude de se défendre contre ce genre d’agression, va donc surréagir au contact d’un allergène et produire une inflammation.»
La hausse de la consommation d’antibiotiques, qui fragilisent notre faune bactérienne, et la multiplication des césariennes électives, qui ne permettent pas à la mère de transmettre au bébé son microbiome, ont également eu un impact sur les allergies. Tout comme la présence toujours plus importante de particules fines dans l’atmosphère, produites par les chauffages et les pots d’échappement des voitures. «Cela fonctionne comme un facteur irritant sur les poumons des personnes déjà allergiques», souligne François Spertini.
Facteurs génétiques
La globalisation de nos habitudes culinaires favorise de son côté la survenue d’allergies alimentaires. «Il y a 50 ans, personne ne mangeait de kiwis chez nous, et donc personne ne développait d’intolérance à ce fruit, relève Philippe Eigenmann, responsable de l’Unité d’allergologie pédiatrique aux Hôpitaux universitaires de Genève. De même, les Asiatiques ont pris l’habitude de manger plus de céréales, et développent donc plus souvent des allergies à leur encontre.»
Le médecin rappelle toutefois le rôle central joué par la génétique. «Si les parents sont allergiques, l’enfant a de fortes chances de le devenir aussi», dit-il. Ce n’est pas l’œuvre d’un seul gène. «Il y en a plus de 100 qui déterminent le risque de développer une allergie.»
Que faire pour soigner une allergie?
«On peut traiter les symptômes respiratoires au moyen d’un médicament contre l’asthme ou d’un antihistaminique, note François Spertini. Il faut aussi éviter d’ouvrir la fenêtre lorsqu’il y a beaucoup de pollen ou recouvrir les matelas de housses pour les protéger des acariens.» La désensibilisation, une thérapie qui consiste à habituer le système immunitaire à l’allergène en l’exposant à de minuscules quantités de ce dernier sur une période de deux ou trois ans, est une autre solution. «Cela fonctionne dans 90% des cas», glisse Georg Schäppi.
Pour les allergies alimentaires en revanche, l’unique solution reste d’éviter les produits provoquant une réaction. «Et, si l’on souffre d’allergie sévère, il faut toujours avoir sur soi une seringue remplie d’adrénaline en cas d’urgence», ajoute le directeur de la fondation «aha!».
Il est aussi possible d’agir en amont pour tenter de prévenir l’apparition d’allergies. «L’allaitement est recommandé pour renforcer le système immunitaire du bébé», note Philippe Eigenmann. Faire manger de tout aux enfants, le plus tôt possible, et les encourager à jouer dehors et à interagir avec des animaux pour stimuler leurs défenses naturelles, font aussi partie des recommandations. ⁄
Les allergènes les plus répandus
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